Mon histoire
Né en Transylvanie (Roumanie) de parents Hongrois, c’est à l’âge de 5 ans que je débarque en France avec ma famille. Cette migration étant dû à la fois aux conditions de vie difficile de l’autre côté du rideau de fer avant 1990 et au « rêve occidental » en lequel croyaient mes parents.
Avec l’aide d’un ami de mon Père, Patrick Berhault (guide et alpiniste de renommée mondiale, installé en auvergne) nous réussirons à nous installer dans les collines des « Bois noirs » dans le massif central. Mes parents pratiquaient modestement l’escalade et le ski, déjà en Roumanie. C’est-à-dire qu’ils faisaient ça avec de petits moyens, à côté de la maison.
Dans les Pays de l’Est, à cette époque, la plupart des gens se déplaçaient à pied ou en train, et ils fabriquaient eux même leurs baudriers, leurs sacs à dos, leurs vêtements… Et grimpaient avec du matériel de chantier de récup…
Mon Père m’a appris à skier dans des prés au-dessus de la maison. Nous avions des skis achetés 5 Francs aux Emmaüs, on remontait à chaque fois en escalier. Cela permettait de « dammer » la piste, et ça faisait la caisse !
J’ai donc « fais mes armes » tout d’abord dans ces collines (entre courses à pieds, escalades sur le moindre bout de caillou, et allers retours dans les prés avec des skis pourris). Inspiré dès l’adolescence par la littérature classique du milieu de l’alpinisme (Frison Roche, Messner, Desmaison, Terray, Lachenal, …), ainsi que par les films illustrant les exploits des grands grimpeurs et alpinistes des années 80/90 (Berhault, Edlinger, Loretan,Profit …)
Puis, le massif du Sancy, véritable « haute montagne à moyenne altitude» des terres du milieu, de par la rudesse de son climat et son relief abrupte, devint rapidement une sorte de laboratoire d’essai de tout ce qu’on pouvait faire de plus extrême quand on avait 15/ 16 ans, pour s’aguerrir aux « vrais » ascensions dans les massifs Alpins…
Bivouac sans duvet par -15°C au fond du val d’Enfer, ou bivouac sous la pluie battante et 180 km/h de vent sous le col de la cabane , enchaînement d’un maximum de couloirs en crampons dans la journée sans manger pour tester nos limites, premières escalades en cascade de glace avec du matos de « vieux », puis ouverture ou équipement de quelques lignes dans la verticalité des touffes givrées avec mon ami Gaylord (devenu Guide aussi).
Nous nous sentions prêts à affronter les grands sommets, forts de notre aguerrissement sur les misérables talus du Sancy…
C’est ainsi, mais aussi grâce à l’admiration que j’avais enfant pour Patrick, que m’est venue l’envie de devenir Guide…
S’en suivirent alors de longues années où nous enchaînions les allers et retours dans les Alpes pour s’entraîner et réaliser la fameuse « liste de 55 courses » demandées pour se présenter aux épreuves du Probatoire du diplôme d’aspirant guide. Malgré l’éloignement géographique, nous nous attelons, avec mon ami Gaylord, puis avec d’autres contemporains (François Lesca, David Vigouroux), à réaliser cette liste de 55 ascensions. Si bien que je réussi à me présenter à l’âge de 21 ans, au probatoire (j’étais le plus jeune candidat). Il m’a fallu m’y reprendre 2 fois pour finalement réussir à être admis en formation à 24 ans !
Entre temps, pour financer mes projets de montagne et le matériel, j’ai commencé comme Pisteur secouriste au Mont Dore pendant plusieurs saisons. Le reste de l’année, je travaillais sur la construction et l’animation d’un parc aventure, puis j’ai passé mon Brevet d’état de moniteur d’escalade, ce qui m’a permis de devenir travailleur indépendant très tôt.
Depuis quelques années, je fais des formations pour l’ANENA (association pour l’étude de la neige et des avalanches) sur mon territoire auvergnat. L’étude de la neige et la gestion du risque en hiver sont des sujets qui me passionnent et que j’aime partager.
J’ai aussi la chance d’intervenir comme Professeur « renfort » à l’ENSA (Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme) sur la formation des guides. Une expérience riche en enseignements, et une belle reconnaissance dans le milieu de la montagne.
La formation des guides en France est une des plus prestigieuses et reconnus au monde. Elle débute par l’obtention du probatoire. C’est un concours qui se déroule sur presque 3 semaines. Composés de plusieurs épreuves (Orale, ski, escalade, glace, terrain varié, orientation, ascension en haute montagne sous le regard d’un professeur…) Tout ça, suite à une sélection sur dossier de liste de course (minimum 3 à 4 années d’expérience avant de présenter le dossier).
Une fois le « Probat » réussi, c’est parti pour 3 années de formation d’aspirant guide, puis de Guide. La formation des guides et sans cesse en évolution, ceci étant lié au changement climatique qui affecte nos montagne. Nous devons nous adapter, et repenser notre manière de travailler. Il y a aussi le problème de notre société qui évolue et qui refuse le risque. Le problème de responsabilité est de plus en plus sur le devant de la scène.